Billet écrit originallement le 17 mai 2011
Je trouve enfin une autre voix en création pour les mois à venir.
Un projet d’envergure certes, mais qui en vaut la chandelle.
Je vous livre ici en quelques mots mes premières réflexions sur ce projet.
L’hippocampe est un poisson vraiment insolite. Il nage, mange et se reproduit de manière unique. Son nom latin Hippocampus signifie cheval courbé.
Cet étrange poisson peuple toutes les mers du globe. Avec ses multiples facettes, la « planète Hippocampe » offre parfois des surprises. Dans tous les cas, elle est d’une rare beauté et d’une grande fragilité.
L’hippocampe est aussi une des composantes majeures du cerveau chez l’humain. « La plus ancienne description de la crête courant le long du sol de la corne temporale du ventricule latéral vient de l’anatomiste vénitien Julius Caesar Aranzi (1587), qui le premier, la compara avec un hippocampe.» *
Ainsi, du fond de la mer jusqu’au centre même de notre cerveau, « La grande question Hippocampique» touche un thème inhérant à ma carrière d’artiste et de femme engagée : le viol et le stress post-traumatique.
Longtemps sans écho, mais toujours présente, une énergie prise à quelque part entre mes trippes et la vie fait aujourd’hui surface. Je tenterai de livrer avec mon art ces aspects méconnus du stress post traumatique suivant le viol.
« Sur le plan cérébral, dès le début d’une agression, notre système d’alarme, l’amygdale (chargée de décoder les émotions et les stimuli de menace), s’active et déclenche une cascade de réactions pour préparer notre fuite. Elle provoque, entre autres, la production par les glandes surrénales des hormones du stress, l’adrénaline et le cortisol. Résultat : tout l’organisme est sous tension, le flux sanguin, le rythme cardiaque et la respiration s’accélèrent, les muscles sont contractés, prêts à amorcer la fuite. Mais quand la victime est immobilisée par son agresseur et ne peut pas s’enfuir, très vite l’amygdale cérébrale s’affole ; les centres nerveux au niveau du cortex, sensés analyser et modérer les réactions, sont comme noyés par les signaux d’alerte. C’est la panique totale. L’amygdale surchauffe, la victime est dans un état de stress extrême dépassé. Du coup, elle ne peut plus se défendre ni crier ni même plus réagir… elle est comme paralysée et sent qu’elle va mourir. Alors, pour éviter que le survoltage de l’amygdale ne provoque un arrêt cardiaque, le cerveau déclenche une sorte de court-circuit, en libérant des substances chimiques, de la morphine et de la kétamine, qui vont anesthésier et isoler le système d’alarme. La production d’hormones de stress est alors stoppée. La victime est comme coupée du monde, déconnectée de ses émotions. Pourtant, la violence continue, mais elle ne ressent presque plus rien, ce qui lui donne un sentiment d’irréalité totale (les victimes le disent : à un moment donné, elles ont l’impression d’être spectatrices de l’événement). C’est cette dissociation qui va leur permettre de rester en vie, mais qui, paradoxalement, va provoquer le sentiment de culpabilité et bien d’autres conséquences. Car isolée, anesthésiée par les décharges de morphine et de kétamine, l’amygdale n’évacue pas le traumatisme du viol vers l’hippocampe, notre système de mémorisation et d’analyse des souvenirs. Le moment du viol reste comme piégé en l’état dans l’amygdale. Ainsi, à chaque flash-back, c’est le souvenir du viol non traité par le cerveau que va revivre la victime. Un moment extrêmement violent. C’est ce que l’on appelle le stress post-traumatique. » Muriel Salmona