Le 30 mai dernier à la Petite église cabaret spectacle de Saint-Eustache et en partenariat avec l’organisme à but non lucratif, le Café parenthèse, Marie Martine Bédard faisait un retour sur scène mérité et réussi avec son spectacle inaugural du Projet hippocampe et qui n’a laissé personne indifférent.
Soutenue par le Conseil des arts du Canada à deux reprises, l’artiste avait amorcé ses travaux de recherche et de création en 2021 avec un ami de longue date, Nicolas Reeves. C’est lui qui d’ailleurs ouvrait la soirée en nous présentant le développement et l’origine du projet.
Accompagnée de ses électroencéphalogrammes et musiciennes, Christine Roberge à la guitare, Pamela Caravias à la basse (en remplacement de Jean-François Lemieux) et Sandra Boyer à la batterie, que Marie Martine Bédard livrait six extraits convaincants de son album tout en respectant l’ordre chronologique des étapes de la survivance que ses chansons illustrent.
D’abord avec la pièce Shut down, elle illustrait de manière convaincante les lendemains brutaux du corps et de l’âme à la suite d’un viol :
Shut down douleur,
Shut down splendeur,
Shut down les fleurs,
Shut down ma soeur,
bonjour torpeur
Elle enchainait avec la pièce Les jours innocents, elle nous peignait comment, dans la survivance, la recherche de ce qui était, ou d’une main tendue devient importante et comment la conscience de ces hasards de la vie qui brisent change la lecture que nous faisons du monde qui nous entoure.
L’horizon nous tissait des promesses
J’aurais tout donné pour vivre ce rêve éclatant
Mais autant d’allégresse, ce n’était pas prudent
Dis-moi, est-ce que le bonheur protège?
Puis avec la pièce J’existe disparue, elle s’adressait directement à ces «tyrans du marais de nos cauchemars», les agresseurs, et notre système de justice archaïque ou « le bon sens est profané ». Quatre des survivantes qui ont livré des témoignages dans le cadre de ce projet et que l’on retrouve des extraits sur l’album se sont jointes à Marie Martine pour chanter soit Mélanie Lemay, Guylaine Lebreux, Pascale Labelle et Elise Ficorilli.
J’existe quelque part
Entre l’eau et le vent
J’existe même disparue
Entre hier et maintenant
Enfin la pièce Comme un bouddha féroce, venait célébrer la résilience en rendant hommage à la gardienne et chien de support émotionnel qui a partagé le quotidien de l’artiste pendant près de neuf années, un berger malinois nommé Ophelia. Sourires assurés.
J’ai pas encore donné mon dernier show
Parce même dans L’hlm
De notre hiver de force tu m’aimes
De Toronto à Tokyo
Comme un bouddha féroce
Tant pis si la vie est une gueule
Je ne suis plus seule dans ses crocs, dans ses crocs
Allez hop au boulot…
Parce que tu m’aimes
comme un bouddha féroce
Et en rappel, l’artiste livrait une version épurée de la chanson Jusqu’à la mort, une sorte de tango/flamenco célébrant la réappropriation de son corps et de la vie.
Love moi Love moi
Avant que le temps ne me dévore
Love moi Love moi
Toi dont je rêve et que je ne connais pas encore
Love moi Love moi
Je veux danser jusqu’à la mort
Une performance sans faille, énergique au-dessus des attentes de tous et qui nous donnent juste envie de recommencer l’expérience à l’automne quand l’artiste lancera la version anglophone de cet album célébrant le parcours et la résilience des survivantes et survivants.
On peut écouter ou achetez l’album sur tous les services de streaming, visionner des extraits du spectacle sur la chaîne You Tube de l’artiste et se procurer une version physique de l’album (CD) sur son site web.
L'équipe de MusiQc sans frontières
Photos: Caverne Pyralis