Vous connaissez des deuils qui sont plus difficiles à faire que d’autres? J’imagine. Vous devez savoir aussi que lorsque la date du départ tragique d’un être cher approche, on y pense un peu plus qu’à l’habitude. Il arrive aussi que l’on puisse ressentir une certaine tristesse ou nostalgie, même après des années.
Lorsqu’on est survivante, un phénomène semblable se produit. Dans mon cas c’est à l’apparition des belles journées d’été et où les foules se rassemblent pour fêter dans ma ville natale, celle des festivals, Montréal.
Depuis quelque temps, j’ai planifié voir au Festival de jazz de Montréal, Afrikana Soul Sister. Cependant, depuis vingt-quatre heures c’est difficile. Je suis remplie d’appréhensions qui viennent noyer ma joie de sortir. Ça fait plus de 24 heures que l’anxiété perdure. Vous allez me dire qu’il n’y a rien d’énervant sur la place des spectacles surtout que cette année de nouvelles mesures des sécurités sont en place. Vous avez raison, mais...
Ce sont les déplacements entre les points A et B qui sont douloureux pour moi. Malgré le chien, malgré les thérapies, le corps lance ses signaux d’alerte. Palpitations, chaleur, bouche sèchent et j’en passe. Ce sont toutes ces choses qui se cachent souvent derrière mes beaux sourires! Je ne serai jamais complètement à l’abri de mes troubles anxieux. Je dois apprendre à vivre avec comme d’accepter que cela peut constituer un handicap important dans une société où on nous définit par notre capacité à performer en tout temps. Lorsque les mauvaises journées nous paralysent, on s’investit pour se remettre sur pied, mais pendant ce temps les factures ne se payent pas, les études et les projets tournent au ralenti, les amis nous attendent.
Briser le silence pour sortir du déni pour soi et nos proches est une étape capitale dans la survivance. Éventuellement, cela se transforme en une douceur et un répit pour tous. De plus, nos critères de performance doivent changer. Il faut vivre « avec » autrement et avoir droit à des accommodements pour nos handicaps afin de pouvoir bien faire le deuil « d’avant ».
Survivantes, vous n’êtes pas seules, on avance ensemble à pas de tortue parfois, mais on avance.
Profitons de l'été au meilleur de nous-mêmes et bon Festival de jazz!